De passage à Paris, le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani a reçu, le 12 janvier 2021, le Groupe de Liaison des Amis de la Mauritanie (GLAM), un cercle d’influence créé par les amis de ce pays situé aux confins du désert, entre le Maroc et le Sénégal et qui relie le Maghreb à l’Afrique subsaharienne. L’entretien qui devait démarrer à 19 heures suivait celui accordé à une délégation conduite par le Ministre français des Affaires étrangère, Jean-Yves Le Drian, et précédait un autre rendez-vous diplomatique.
Le GLAM est composé de députés du groupe de parlementaires amis de la Mauritanie et de personnalités venues d’horizons divers. Neuf membres de ce groupe ont été reçus par le président mauritanien : Claude de Ganay, député président du groupe parlementaire des amis de la Mauritanie, Valérie Thomas, députée du Puy de Dôme, François Loncle, ancien ministre, député honoraire et président du GLAM, Amélia Lakrafi, députée de la 10ème circonscription des Français de l’étranger, Jean François Mbaye, député du Val de Marne et WIP de la commission des affaires étrangères de l’AN, Éric Diamantis, vice-président du Glam et président de Ipemed /La Verticale, Gaston Kelman, écrivain, vice-président du Glam et Michèle Peyron, députée de la 9<sup>ème</sup> circonscription de seine et Marne.
Dans son propos introductif, Claude de Ganay a raconté cette histoire insolite et tellement humaine, du type de cette « Terre des hommes » si chère à Antoine de Saint-Exupéry, cet autre grand ami de la Mauritanie. Il s’agit de l’histoire racontée dans un livre récent intitulé <em>L’année des deux dames, de Catherine Faye et Marine Sanclemente. Le livre rapporte l’histoire d’amour de deux Européennes pour la Mauritanie qu’elles visiteront à dos de chameaux en 1933. Les Mauritaniens ont été tellement séduits par cette aventure qu’ils ont baptisé l’année de l’arrivée des visiteuses, « l’année des deux dames ». Quand vous saurez que ces avant-gardistes du féminisme ont embarqué sur un langoustier pour la Mauritanie, « pour fuir une société patriarcale », vous comprendrez que ce pays est vraiment depuis toujours, le paradis de ces dames… Comme un clin d’œil, signe de la poursuite de cette amitié que les visiteurs d’un soir portent eux aussi à ce pays, Claude de Ganay offre la photocopie d’une des pages significatives dudit livre au Président de la République.
Les débats sous le signe de l’amitié franco-mauritanienne, ont tourné autour de trois thèmes principaux : le G5 Sahel et la sécurité dans le Sahel, l’aide au développement, la situation sociale en Mauritanie. Le groupe a tenu à remercier le Chef de l’Etat mauritanien pour le travail réalisé dans le cadre de la sécurité au Sahel et dont les résultats sont tout simplement exceptionnels : pas un seul attentat depuis 2009. Il a aussi été question du Comité Interparlementaire (CIP) G5 Sahel (dont Michèle Peyron est le point focal en France) qui réunit des parlementaires de France et des pays du Sahel, en particulier la Mauritanie. Cette action mérite d’être intensifiée et pérennisée. Le comité voudrait accompagner le pays ami dans le travail qu’il a engagé pour devenir encore plus attractif envers les bailleurs de fonds et pour le tourisme.
Sur la place de la femme dans la société mauritanienne, le groupe, amené sur ce thème par la député Amélia Lakrafi, est unanime pour souligner le respect et la liberté dont la femme jouit dans ce pays, sans oublier cet épanouissement exceptionnel qui fait qu’on la retrouve à tous les niveaux de la société et même du pouvoir.
Bien entendu, il a été question de l’incontournable et épineux problème de l’esclavage moderne. Les membres du groupe ont “blâmé amicalement le pays”, pour le peu de communication qu’il a fait jusque dans un passé récent, sur la dynamique autour de ce problème, l’implication de l’Etat, de la société civile et des intellectuels, qui font de la Mauritanie, même aux yeux des instances onusiennes, le pays qui combat le plus et le mieux les séquelles de ce fléaux. Il est vrai que les choses ont beaucoup évolué dans le bon sens. L’on ne peut que mieux apprécier les efforts qui sont désormais déployés par toute la société sous la guidance de l’Etat, pour montrer au monde entier ce qui se passe réellement sur le terrain.
Le Président de la République, de plus en plus détendu et cordial au cours des échanges, a réitéré ses remerciements pour ce que les amis de la Mauritanie font pour son pays. Il a cependant regretté avec la délégation, que les efforts de son pays pour la sécurité au Sahel, ne soient peut-être pas récompensés comme ils le mériteraient, puisque c’est son lui qui reçoit la plus faible dotation, notamment de l’AFD (Agence Française de Développement), si on la compare à celle des voisins impliqués dans cette lutte (Mali Burkina, Niger), qui continuent hélas à essuyer des attaques terroristes. Il a reconnu toutefois les efforts de l’AFD et les parlementaires présents ont promis de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour l’amélioration ce cette situation.
Il convient de noter que lors du « One Planet Summit » qui s’est tenu la veille – 11 janvier 2021 – à l’Agence française de développement, l’organisation a annoncé son nouveau plan en faveur de la biodiversité. Dans le cadre de ce programme qui arrive à son terme en 2025, l’institution financière française investira un milliard d’euros pour la préservation de la biodiversité sur la planète. L’Afrique sera l’un des principaux bénéficiaires de ce plan puisque l’AFD prévoit d’allouer 600 millions de dollars à l’opération « Grande muraille verte ».
En clôture de la rencontre après une bonne heure d’échanges, voulant terminer sur une note positive, le Président a rappelé pour s’en féliciter, les excellents rapports qu’il a entretenus avec les dirigeants de l’armée française, du temps où il était le chef d’état-major des armées de son pays. Il a aussi invité les membres du GLAM à visiter ou à revisiter la Mauritanie. Les parlementaires lui ont offert divers souvenirs du Palais Bourbon. Il a reçu de l’ensemble du groupe, deux livres « Les Hirondelles du printemps africain », un livre qui prédisait le décollage de la Mauritanie de Gaston Kelman « Je suis noir et je n’aime pas le manioc ».
« Je les lirai », a promis le prestigieux hôte, avec un sourire en coin et une petite pique d’humour sur un certain titre de livre qui parle d’un certain tubercule non absent de la gastronomie mauritanienne.
« Je vous invite en amis dans mon Pays, la Mauritanie », a déclaré le président Ghazouani à la fin de l’entretien cordial qui a duré plus que le temps imparti par le protocole.
Crédit photo : « Mohamed Ould Ghazouani et Emmanuel Macron ©Regis Duvignau/POOL/EPA/Newscom/<wbr>MaxPPP »